The Mudcat Café TM
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Posted By: Monique
11-Mar-10 - 06:35 AM
Thread Name: French naval songs c.1760
Subject: RE: French naval songs c.1760
LA PRISE DU FOUDROYANT

Nous sommes partis de Toulon
Trois grands navires de la nation,
C'était pour s'en aller croiser
Sur les côtes d'Espagne.
À Lisbonne, nous avons mouillé
En attendant l'escadre.

Mais quand l'escadre est arrivée,
A bien fallu appareiller,
Faut mettre Foudroyant au vent,
Grand' voile et la misaine.
C'est pour aller joindre faction,
Mouiller à Carthagène.

Toute la journée marchons grand train
En poursuivant notre chemin,
Le temps n'a pas voulu changer,
La tempête et l'orage
Nous ont fort bien déportés
Cinquante lieues au large.

Le lendemain au point du jour
Nous vîmes venir tout droit sur nous
Trois grands navires, vaisseaux anglais,
Filant comme la foudre
Et qui en un instant croyaient
Nous réduire en poudre.

Nous les avons bien repérés
Sur nos basses voiles carguées,
Ils ont pas voulu commencer,
La chose est surprenante.
Sont nos canons de 36
Qu'ont commencé la danse.

Ils ont tiré un coup de canon
Sur notre mât d'artimon,
Dessus le pont, tout est tombé,
Les voiles et les cordages,
La grande vergue et les huniers,
Criblés par la mitraille.

Notre combat a bien duré
Trois jours et trois nuits sans cesser,
On voyait les boulets rouler
D'un bâtiment à l'autre.
Jamais on n'avait vu combat
En rien semblable au nôtre.

Pour finir notre affliction,
Nous vîmes venir comme des lions
Douze gros vaisseaux anglais
Venant tout en furie.
Ils ont lâché dessus mon bord
Toutes leurs batteries.

Et quand nous fûmes démâtés,
A bien fallu se résigner :
-Allons garçons, faut amener
Pavillon d'assistance,
Car nous sommes bien éloignés
De la terre de France.

Et quand le pavillon amené,
À bord il vint un officier,
C'était de la part des Anglais,
Faisant grande révérence,
En disant : -Messieurs les Français,
Ne faites point de résistance.

-Ah oui ! ah oui ! nous le savons
Car c'est avant que nous nous rendions,
Auriez-vous la peine d'entrer,
D'entrer dans la chambre.
Vous parlerez à notre général
Qui y est pour vous entendre.

Le capitaine s'est écrié :
-Que l'on m'apporte mon porte-voix,
Que l'on m'apporte mon porte-voix,
Que j' publie la sentence.
Or adieu donc, beau Foudroyant
Tu n'es plus pour la France.