“La condition des rameurs étoit la plus pénible et la plus dure. J'ai déjà observé que les rameurs , aussi-bien que les matelots, étoient tous citoyens et libres, et non esclaves ou étrangers comme aujourd'hui. Les rameurs étoient distingués par degrés. Ceux du plus bas s'appeloient thalamites, ceux du milieu zugites, ceux d'en haut thranites. Thucydide remarque qu'on donnoit à ces derniers une plus forte paie, parce qu'ils manioient des rames plus longues et plus pesantes que celles des degrés inférieurs. Il paroît que la chiourme, pour se mouvoir avec plus de justesse et de concert, étoit quelquefois conduite par le chant d'une voix, ou par le son de quelque instrument; et cette douce harmonie servoit non seulement à régler leurs mouvemens, mais encore à diminuer et à charmer leurs peines….

Plus de deux 296. cents galères , ornées de dépouilles ennemies, s'avançoient avec une contenance majestueuse, la chiourme faisant une espèce de concert par l'ordre uniforme et réglé avec lequel les rames étoient mises en mouvement. Elles étoient suivies d'un nombre infini de petits batimens; de sorte que le port, quelque vaste qu'il fût, pouvoit à peine les contenir, et que toute la mer étoit couverte de voiles.”
[Œuvres Complètes de Ch. Rollin: Histoire Ancienne, Rollin, 1817]