“MÉMOIRE N° 9.
Sur Les Navigations de Pantagruel, un Passage Maritime de la Complaynt of Scotland, et une Chanson Matelote Anglaise du Quator Zième Siècle. [p.496-554]

Voilà frère Jean en belle humeur; il chante un refrain de Noël: « Gestuy céleume, dist Épistemon, n'est hors de proposer et me plaist. » Tous les travaux de peine , toutes les manœuvres de force étaient faites à bord, — et cette habitude se conserva en France sur les bâtiments de guerre jusqu'à 1820 environ, — au bruit d'un chant rhythmé, ou d'un cri cadencé, auquel l'excitation du sifflet a fini par succéder. C'est un chant que Rabelais , avec ses habitudes grecques, appelle le celeume ou mieux celeusme, du grec celeusma. Le chanteur s'appelait celeustes(*): « Celeusma est clamor nauticus ad hortandum; ut: Nunc, nunc incumbite remis! » Servius, Æneid. , lib. viii.

Après avoir doublé le cap qui défend l'entrée du port, et les basses, ou battures, roches à la surface de la mer et bas-fonds, la nauf et son convoi entrent dans le havre (haven (angl.)). A leur arrivée , les gens de l'ile envoient, pour aider nos navigateurs à réparer leurs avaries: « deux luts (voir Mémoire n° 6 , p. 162);

(*) « On entendait le bruit monotone et mesuré de cette multitude de
« rames qui, s'élevant, ou s'arrétant, à la voix du celeuste, semblaient
« frapper toutes à la fois , et en cadence , le fleuve qui retentissait des
« cris des matelots. » Arrien, Expéditions d'Alexandre, liv. vi, chap. I

                Lentos tingitis ad celeusma remos.
                        Martial, épig. LXVII, liv. iii.

                                .... Sonmo
                Quem nec rumpere naulicus celeusma
                Nec clamor...
                        Id., épig. LXIV, liv. iv.

CÉLEUSME, chant dont les matelots grecs suivaient le rhythme, soit qu'ils halassent sur les manœuvres, soit qu'ils fissent mouvoir les rames. II, 522.

CÉLEUSTE, le chanteur, le hortator. II , 522. [p.594]
[Archeologie Navale, Vol.II, Jal, 1840, pp.496, 594]