LES BELLES ÉTRANGÈRES (French) Michelle Senlis (1933-2020) / Jean Ferrat (1930-2010) Les belles étrangères qui vont aux corridas Et qui se pâment d'aise devant la muleta* Les belles étrangères, sous leur chapeau huppé Ont le teint qui s'altère à l'heure de l'épée Allons, laissez-moi rire, on chasse, on tue, on mange On taille dans le cuir des chaussures, on s'arrange Et dans les abattoirs où l'on traîne les bœufs La mort ne vaut guère mieux qu'aux arènes le soir Les belles étrangères, quand montent les clameurs Se lèvent les premières en se tenant le cœur Les belles étrangères se jurent à jamais De chasser Ordóñez** de leurs rêves secrets Allons laissez-moi rire, quand le taureau s'avance Ce n'est pas par plaisir que le torero danse C'est que l'Espagne a trop d'enfants pour les nourrir Qu'il faut parfois choisir la faim ou le taureau Les belles étrangères, végétariennes ou pas Quittent leur banc de pierre au milieu du combat Quittent leur banc de pierre au milieu du combat. | THE BEAUTIFUL FOREIGN LADIES The beautiful foreign ladies who go to bullfights And who swoon over the muleta The beautiful foreign ladies, under their classy hats Have their complexion that alters at the hour of the sword Come on, let me laugh, we hunt, we kill, we eat We cut the shoes in the leather, we make do with it, And in the slaughterhouses where the oxen are dragged Death is hardly better than in the arenas in the evening The beautiful foreign ladies, when the clamor rises, Are the first to rise, holding their hearts The beautiful foreign ladies vow to forever Drive Ordóñez out of their secret dreams Come on, let me laugh, when the bull comes forward It is not for pleasure that the bullfighter dances It's because Spain has too many children to feed them That sometimes you have to choose hunger or bull The beautiful foreign ladies, vegetarians or not, Leave their stone bench in the middle of the fight Leave their stone bench in the middle of the fight. |